Mise à jour du plan de contingence national édition 2016 : le Bénin se dote des stratégies de gestion des crises et catastrophes

Groupe plan contingenceEn trois jours, les membres de la plate-forme nationale de réduction des risques de catastrophe et d’adaptation aux changements climatiques ont actualisé et validé le Plan de contingence national (Pcn) édition 2016.

Le plan de contingence est un document purement stratégique qui va à l’opérationnel. Ce qui permet de savoir ce qu’il faut faire avant, pendant et après une crise. A travers le plan de contingence, tout ce qui est prévention peut être géré à travers la communication, à travers la sensibilisation de prévention. La concertation et la coordination des actions pendant la crise sont sous la houlette du ministère de l’intérieur, a confié Constant Houndénou du Pnud.

Ce document stratégique, le Bénin l’a mis au point pour la période allant de juin 2016 à juin 2017 pour la prévention et la gestion des crises et catastrophes. C’était à l’hôtel Bel Azur à Grand-Popo au 17 au 19 avril 2016. A l’entame des travaux, le Directeur Général de l’Agence nationale de protection civile (Anpc), le Contrôleur général de Police, César Agbossaga, a insisté sur la nécessité de l’actualisation annuelle du Pcn pour permettre de prendre en compte l’évolution des situations sur le terrain. A partir du Pcn 2015, les participants à l’atelier ont intégré dans le nouveau document les dernières statistiques et autres informations nécessaires.

Dès le 1er jour des travaux, trois communications ont permis aux membres de la plate-forme d’avoir plus d’outils pour finaliser le Pcn 2016. Il s’agit du « rappel des recommandations de Sendai : application au plan de contingence national (Pcn) ». Dans cette communication, le Dg/Anpc a évoqué les 4 priorités de cadre de Sendai  dans le Pcn. Il s’agit entre autres de la compréhension qu’il faut avoir des risques de catastrophes. Il a dit aussi qu’il faut renforcer l’état de préparation pour intervenir de manière efficace et repartir sur de meilleures bases dans la phase de relèvement et de reconstruction.

Parlant des scénarii du plan de contingence national et choix des hypothèses, Constant Houndénou a fait ressortir entre autres le scénario dans un contexte de gestion de catastrophe et sa typologie ; le cadre opératoire et éléments de caractérisation des scénarios retenus pour le Bénin.

La 3ème communication était relative aux grandes tendances de l’incendie de Dantokpa. A ce niveau le commissaire de police Georgino Houessou a rappelé le contexte dans lequel l’incendie est intervenu dans le marché Dantopka, le samedi 31 octobre 2015. Il a fait ressortir les grandes tendances des dégâts causés, les leçons tirées et les défis majeurs à relever dans le domaine de gestion des catastrophes au Bénin. Il n’a pas occulté le respect des normes dans la construction de hangars du marché Dantokpa et les établissements recevant du grand public. Il a aussi insisté sur la nécessité pour les établissements recevant du grand public d’élaborer leur propre plan de secours. Les participants ont recommandé entre autres au gouvernement de rendre effectif la mise en place du fonds d’urgence ; et à l’Anpc de renforcer les capacités des acteurs intervenant dans la gestion des catastrophes ; puis poursuivre les exercices de simulation spécifiques à chaque aléa retenu.

Par patrice SOGLO

Propos de Prosper Gbétie, spécialiste en gestion des catastrophes, participant à l’atelier d’actualisation de plan de contingence national.

Vous avez participé à l’actualisation du plan de contingence national, qu’est ce qu’on peut retenir des travaux ?

Cette actualisation vient à point nommé en ce sens que nous sommes déjà pratiquement à la porte des menaces de pluies qui pourraient déboucher sur des risques de catastrophes d’inondations et qu’au delà de cela, il est important que le Bénin se mette à jour par rapport à ce plan de contingence qu’il a élaboré et qui doit lui permettre d’être en mesure de réagir efficacement par rapport aux catastrophes et d’anticiper sur certain risque de catastrophes auxquelles il peut se retrouver confronter. Cet atelier nous a permis de nous retrouver en acteurs de ministère sectoriel de l’Agence nationale de protection civile (Anpc) et du système des Nations Unies. La grande leçon que je retiens c’est qu’il est important d’actualiser certains chiffres. Il y a aussi que certaines notions étaient importantes à intégrer tels que les changements climatiques qui constituent de véritables problèmes aujourd’hui. Et il est très important d’adapter notre plan de contingence aux réalités prescrites par le plan de Sendai.

Vous avez parlé tantôt des inondations, est-ce qu’il y a d’autres phénomènes qui pourraient conduire aux crises et catastrophes au Bénin ?

Nous avons géré déjà cette année la fièvre hémorragique Lassa qui est une réalité qu’on ne connaissait pas véritablement mais qui nous a surpris et qui est très proche de la fièvre hémorragique Ebola. Si les pluies sont abondantes, nous pouvons faire face dans les jours qui viennent à des épidémies comme le choléra. Et il est important que la préparation soit effective. Nous nous réjouissons de ce que tous les acteurs soient présents pour se mettre au pas.

Nous n’allons pas que parler d’épidémie. L’atelier nous a permis de revoir un peu les différents scénarii et d’hiérarchiser les risques de catastrophes auxquelles nous sommes confrontées. Vous savez qu’il a les menaces terroristes et d’autres pour lesquelles il faudrait forcément prendre des mesures. Toutes ces réalités ont été prises en compte. Si les moyens sont mobilisés, il ne restera qu’à essayer une bonne simulation de ce plan qui vient d’être actualisé afin de nous sentir en sécurité.

Propos de Constant Houndénou, chargé de portefeuille des crises et catastrophes et des changements climatiques au Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud).

Le plan de contingence de 2015 est actualisé pour le rendre opérationnel pour l’année 2016. Parlez-nous des éléments nouveaux du plan de contingence national 2016

Le plan selon l’orthodoxie de la gestion des crises doit être révisé chaque année. C’est pour cela que nous sommes réunis pendant trois jours, y compris, la partie nationale, les organisations de la société civile et les autres partenaires afin de voir ce qu’on peut rajouter par rapport à l’année dernière. C’est ainsi que nous avons débattu des aléas tels que le terrorisme, les inondations, la sécheresse par rapport à l’insécurité alimentaire au regard des statistiques que nous avons. Ce qui a été ajouté fondamentalement, c’est les prévisions saisonnières de l’Afrique occidentale, humide et côtière. Les prévisions saisonnières des pluies et des cours d’eau, et celles des pays du Sahel ont été également rajoutées afin de pouvoir baliser très bien le terrain pour que nous soyons au même niveau avec les autres pays dans le domaine des crises et catastrophes surtout que nous sommes tous unis par le plan de Sendai. Il faut dire également qu’un accent a été mis sur le volet terrorisme. Des débats ont eu lieu avec les forces armées béninoises. Tout ceci constitue des éléments nouveaux ajoutés au plan de contingence national édition 2016.

Les participants ont validé le plan de contingence national édition 2016. Quelle sera la suite ?

Il y a eu des travaux préparatoires, nous avons aussi travaillé pendant l’atelier et des données ont été intégrées, il y a les données démographiques, les données socioéconomiques, et les données concernant l’actualité internationale. Il s’agira cette fois-ci de l’introduire en conseil des Ministres et de le valider. A partir de cet instant, prendre les mesures qu’il faut à travers des lignes budgétaires conséquentes, faire des simulations pour faire face à d’éventuels sinistres dans le pays.

Quel sera le rôle des communes après que le plan de contingence national édition 2016 est actualisé ?

Une fois que le plan de contingence national est actualisé et validé, il appartient à toutes les communes du Bénin de faire la validation de leur plan de contingence et de les mettre à jour. Il s’agira également pour les communes de faire des simulations et de s’apprêter pour accompagner l’Anpc dans la prévention et la gestion des crises et catastrophes, que ce soient les catastrophes naturelles ou anthropiques. Ce qui permettrait très bien à tous les acteurs de s’y mettre afin de trouver des solutions pour une bonne résilience.

Propos recueillis par Patrice SOGLO

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